Améliorer le bien-être collectif

Détecter rapidement le bruit excessif au sein d’une entreprise est une étape importante pour limiter les risques de perte auditive chez les travailleurs. Lorsque le niveau sonore dépasse les seuils jugés sécuritaires, l'action rapide peut éviter des dommages irréversibles à l’oreille interne. En effet, plus l’intervention est précoce, par exemple, par la mise en place de mesures de protection ou de réduction du bruit, plus les conséquences sur la santé seront limitées.

Cet article met en lumière les risques et les conséquences encourus lorsqu’on tarde à prendre des mesures, tout en expliquant les bénéfices durables d’une politique de prévention auditive. Il se conclut par une présentation des moyens concrets pour agir et réduire efficacement l’exposition au bruit.

L'exposition au bruit en milieu de travail affecte le bien-être des travailleurs. Voici les différentes conséquences du bruit en milieu de travail : 

• Surdité professionnelle : C'est une maladie qui se développe généralement au cours des dix à quinze premières années d’exposition au bruit. Elle survient lorsque l’oreille interne, notamment les cellules ciliées, est endommagée par une exposition prolongée ou répétitive à des sons de forte intensité. Au départ, on peut observer une fatigue auditive temporaire, mais celle-ci risque de devenir permanente si l’exposition se poursuit. Au fil du temps, la perte auditive s’installe progressivement et peut s’accompagner d’acouphènes.

• Acouphène : L’acouphène est un symptôme qui se manifeste souvent après une exposition prolongée à des bruits forts. Il est caractérisée par des sifflements ou bourdonnements qui peuvent s'intensifier après l'exposition continuelle au bruit.

• Fatigue : La fatigue causée par l’exposition au bruit en milieu de travail peut se traduire par une irritabilité accrue, une baisse de la concentration et un sentiment général d’épuisement.

• Stress : L'exposition continuel au bruit en milieu de travail peut générer un stress chronique, favorisant des maux de tête et des troubles du sommeil, ce qui aggrave la sensation de fatigue.

• Hypertension : L’exposition prolongée au bruit en milieu de travail peut contribuer à l’augmentation de la pression artérielle, favorisant l’apparition de l'hypertension. En effet, le bruit constant maintient l’organisme en état de vigilance élevée, stimulant la libération d’hormones de stress. À terme, cet état de stress permanent peut altérer le système cardiovasculaire et aggraver le risque de maladies cardiaques.

• Absentéisme : Une exposition excessive au bruit en milieu de travail peut entraîner une fatigue chronique et un stress accru, impactant directement la santé et le moral des employés. Ces troubles peuvent se traduire par des maux de tête, une irritabilité et un sentiment de lassitude globale, poussant certains travailleurs à s’absenter plus fréquemment. À terme, l’absentéisme lié au bruit perturbe le fonctionnement de l’équipe et se répercute sur la productivité de l’entreprise.

Plus l’exposition au bruit est fréquente et soutenue, plus le risque de détérioration de la perte auditive augmente. La réglementation et les experts du domaine considèrent qu’une exposition continue à 85 dB ou plus, sur une période de huit heures, peut enclencher un processus de dégradation des cellules ciliées fragiles de l’oreille interne. La réverbération du son dans des espaces clos, l'exposition à des substances toxiques, la vibration, ou encore l’absence de protection auditive renforcent les risques de la perte auditive.

Au Québec, la surdité professionnelle figure parmi les lésions les plus fréquentes sur le lieu de travail. Le nombre de cas acceptés par la Commission des Normes, de l'Équité, de la Santé et de la Sécurité au Travail (CNESST) augmente de façon exponentielle chaque année, atteignant une moyenne annuelle de plus de 10 000 cas depuis 2013.

Les conséquences de la surdité professionnelle se manifestent de différentes façons. Physiologiquement, elle occasione l'altération de l'acuité auditive des sons aigus avec un risque d'apparition d'acouphènes. Psychologiquement, elle peut provoquer un stress chronique, l'isolement et des difficultés de communication, menant à un sentiment d'impuissance et potentiellement à une dépression. Sur le plan socio-économique, elle se traduit par une baisse de productivité, une augmentation du risque d'accident due à la baisse de perception des signaux d'alarme, et des coûts financiers liés aux indemnités, aux appareils auditifs, à la rééducation et aux arrêts de travail.

Et pourtant, que faisons-nous en tant que société pour réduire l'incidence de cette maladie irréversible, mais tout aussi évitable ? Peut-être que le trou dans le portefeuille de la société nous poussera enfin à boucher celui dans nos oreilles ?

Les principaux coûts associés aux lésions professionnelles incluent les dépenses médicales, la perte de productivité et les coûts humains. Voici un aperçu des coûts causés par la surdité professionnelle :

• Coûts médicaux

  • Les dépenses liées à l’achat et à l’entretien des appareils auditifs peuvent atteindre des montants élevés.

  • Les séances de rééducation auditive, parfois nécessaires pour améliorer la perception et la compréhension des sons, représentent un investissement important pour le système de santé.

  • La prise en charge de troubles associés, comme l'anxiété ou la dépression alourdit également la facture globale à la société.

• Perte de productivité

  • Les travailleurs souffrant d’une surdité professionnelle subissent souvent une baisse de performance ou sont contraints de se réorienter vers des postes moins exposés, voire de se mettre en congé maladie.

• • À l’échelle d’une province ou d'un pays, la surdité professionnelle peut avoir un impact significatif sur la compétitivité de certains secteurs.

• Coûts humains

  • Une personne malentendante non appareillée peut s'isoler de la vie collective, ce qui peut augmenter le risque de solitude, de dépression et d’autres problèmes de santé mentale.

  • Cet isolement retentit sur le tissu social et peut nécessiter la mise en place de structures d’accompagnement pour faciliter la communication et maintenir la vie en société.

En résumé, la surdité professionnelle entraîne des conséquences coûteuses pour la société, tant sur le plan économique que sur le plan humain. Il est donc urgent d'instaurer des mesures de prévention efficaces dans les environnements de travail bruyants.

Un environnement de travail où le bruit est maîtrisé favorise la sérénité et la motivation des équipes. Les collaborateurs échangent plus facilement et développent un sentiment d’appartenance fort. De plus, en réduisant l’exposition aux nuisances sonores, on limite l’apparition de troubles annexes (maux de tête, anxiété, problèmes de sommeil).

• Réduction des accidents : un salarié dont l’ouïe est préservée détecte plus facilement les signaux d’alerte.
• Amélioration de la concentration : moins parasités par le bruit, les travailleurs se concentrent davantage sur leurs tâches.
• Croissance de la productivité : des équipes en bonne santé auditives sont souvent plus dynamiques et efficaces.

• Diminution de l’absentéisme : prévenir la surdité professionnelle diminue les arrêts maladie liés aux troubles auditifs.
• Attractivité de l’entreprise : dans un marché de l’emploi concurrentiel, des conditions de travail de qualité (dont une bonne maîtrise du bruit) renforcent la réputation de l’employeur.
• Limitation des coûts à long terme : en investissant tôt dans la prévention (protections, aménagements), l’entreprise réalise des économies sur les dépenses de santé et d’indemnisation.

La prévention de la perte auditive en milieu de travail bruyant est un levier essentiel de santé publique et de bien-être collectif. Plus on agit rapidement, plus l’on préserve le capital auditif des travailleurs et l’on évite les conséquences néfastes du bruit sur la santé physique, mentale et économique de la société.

Pour assurer une protection optimale de l'audition des travailleurs, la mise en place d'un programme de prévention de la perte auditive devient un allié indispensable. Voici les principales composantes à considérer :

Mesurer les niveaux sonores à l’aide d’appareils spécialisés pour identifier rapidement les zones critiques, tout en cartographiant les lieux et en hiérarchisant les priorités d’intervention dès qu’un bruit suspect ou inhabituel est relevé.

Pour limiter la propagation sonore, il est conseillé d'installer des cloisons ou des panneaux insonorisants, d'entretenir régulièrement les machines et les équipements pour réduire les bruits parasites, de réorganiser les espaces de travail en éloignant autant que possible les zones calmes des sources de bruit, et de fournir des bouchons d’oreille ainsi que des casques antibruit adaptés à l’intensité sonore du milieu de travail.

Pour détecter rapidement les problèmes auditifs, il est conseillé d'effectuer des tests audiométriques réguliers. Cela permet une surveillance proactive de l'audition, une intervention rapide en cas de besoin, et aide à prévenir une détérioration supplémentaire, assurant ainsi une meilleure qualité de vie.

Planifier des sessions de formation pour sensibiliser le personnel aux dangers du bruit tant sur le lieu de travail qu'en dehors, et souligner l'importance de porter et d'entretenir correctement leurs équipements de protection individuelle pour se protéger contre le bruit.

La mise en œuvre d'un programme de prévention de la perte auditive contribue à instaurer un environnement de travail plus paisible, plus sécuritaire et plus productif. Les économies réalisées sur les frais de santé et d’indemnisation, associées à l’amélioration de l’image de marque de l’entreprise, créent un cercle vertueux dont bénéficient tous les acteurs incluant employeurs, employés et société. En fin de compte, protéger l’audition de ses équipes revient à investir dans leur qualité de vie, leur sécurité et la durabilité de l’entreprise.